29 mars 2016

Surface et profondeur d'une foule


Tu la sens, l'énergie de la foule ?
Ou n'est-ce que moi qui divague ?

Je n'oublie que rarement, qu'il le faudra, de gré ou de force, un jour ou l'autre, sortir.
Mais il me semblait bien tôt ...?
Je n'avais, en fait, prévu qu'une seule sortie, définitive, en complet de sapin.
Et tu m'as parlé.
Je déteste les foules, en vrai.
Leurs certitudes, leur violence sourde, les germes de peur qu'elles sèment, l'hystérie toute proche.
Tu m'as dit : C'est vrai, mais nous n'allons pas pour le plaisir, ni pour passer un bon moment, manifester.

J'ai senti quelques bruissements, discrètement, observé, du coin de l'œil, mes propres certitudes, qui tentaient de se cacher, se protéger, derrière des mots, qui ne valaient plus grand chose, face à toi.
Nous aurions pu parler de Gandhi, de Martin Luther King, de Thoreau, de la marche de l'Histoire.
Je n'y connais rien. À peine moi-même. Alors j'ai parlé de moi.
Qui vais-je devenir, perdu dans la foule ?
Rien ?
Autre chose ?
Nous avons souri, je crois, car, visiblement, tout ceci n'était que gémissements.
S'extirper du confort du nourrisson, le vrai travail d'une vie !

Nous ne sommes que
Ce que, d'instant en instant,
Dans un demi-sommeil,
La Situation,
Sans arrêt actualisée,
Réussi à nous motiver
D'Être.

J'aurais bien fini cette vie en légèreté, tellement vaporisé que je n'aurais même pas déclenché de battement d'aile, même du plus petit du plus petits des papillons.

Mais ta main s'est posée sur mon dos.
C'était énormément peu, une simple évidence ; j'étais, sans le savoir, déjà là.
Ta main a glissé sur mon dos et j'ai senti ma surface.
Parfois dangereuse, pour moi, pour les autres, souvent inutile, régulièrement inacceptable.
Mais là.

Alors, je plongerais cette surface, qui prétend prévaloir sur ce que je suis, ce que je pense et ce que je vaux, dans la foule. Comme dans l'acide. Et qu'il en sorte ce que voudra !

Je serais là, à 10h30, Place de la Victoire.

Pour dire que croissance, prospérité, ne doivent être que les justes conséquences de nos activités communes apaisées.
Et non pas le moteur premier de nos gestionnaires perdus, soumis aux seules entités qu'ils pensent contrôler : les chiffres.

Et pour être parmi vous.
Car tu m'as montré que j'étais déjà
Là.


4 commentaires:

  1. Putain-puceau, mais elle est très belle cette photo de la foule.
    Il fut une époque où je collectionnu les peintures & autres représentant la foule.
    Je ne collectionny plus.
    Mais j'iame cette photo et je prendrai le temps de vous lire, demain ce soir j'ai mal aux occoulos !

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  2. Oui, la photo est très belle mais le texte mille fois mieux!!!! Tellement bien vu, tellement bien dit. Tellement bien formulée cette évidence qui s'impose. Bravo!!!

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  3. Ah, et j'ai oublié le bravo pour le choix du titre! Très bien trouvé!

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...on en cause ?