Depuis toute petite, entre les hommes et moi, c’est compliqué. C’est douloureux, aussi, souvent. Ils imaginent, calculent, complotent, seuls ou à plusieurs, tout un tas de tactiques, pour m’inclure dans leurs jeux militaires. Ils réfléchissent, pensent réfléchir, à ma place. J’ai, tristement, vite compris qu’il me serait impossible de vivre sans eux. J’avais, je crois, autour des douze ans, lorsqu’à un de ceux qui sût le moins me déplaire, je livrais cette confidence. Je mis sur la table ce présent, saoule de confiance, mon autonomie déficiente.
L’information a dû filtrer.
Mais je sais qu’ils savent. La connaissance est une de mes armes favorites. Avec elle, j’ai toujours eu, plus ou moins, un ou deux coup d’avance. Je sais ce qu’ils attendent. Mais je suis un peu distraite. Et j’aime beaucoup trop le cinéma, les romans. Je ne suis pas une machine. On a tous besoin, de temps en temps, d’être un peu dilettante. Au travail, je reste vigilante. En amour, ça devrait être plus doux. Il faut que ça le soit. La frontière est pourtant claire.
Mais les hommes mélangent tout. Et s’inquiètent vite quand ils voient que je ne bois plus leur parole. J’aurais au moins réussi à garder le secret sur cette soif que j’ai appris récemment à juguler. Ce fut comme d’arrêter de fumer, de boire, de manger. Beaucoup de souffrances, d’efforts, de renoncement. Et un matin, le dégoût. L’étonnement. Je n’ai pas pu aimer ça ! Ce n’était pas moi...
Alors, ils s’endurcissent, peaufinent, fignolent, bricolent des machins, trucs, des bidules à immiscer dans nos vies. Le doute, le culot, mixés ensemble, après un bain-marie, on se le prend de plein fouet, n’importe quand, n’importe où. Négligemment posé, sur un coin de mon bureau.
Et ma vie, toute ma vie, tangue, prête à basculer.
Et c’est toujours in extremis, que je m’agrippe, me rattrape, par chance, à quelques rares certitudes.
Et à la colère.
Le con.
Ce coup ci, il a réussi à me faire livrer des fleurs...
Tout un bouquet.
Je le hais.
L’information a dû filtrer.
Mais je sais qu’ils savent. La connaissance est une de mes armes favorites. Avec elle, j’ai toujours eu, plus ou moins, un ou deux coup d’avance. Je sais ce qu’ils attendent. Mais je suis un peu distraite. Et j’aime beaucoup trop le cinéma, les romans. Je ne suis pas une machine. On a tous besoin, de temps en temps, d’être un peu dilettante. Au travail, je reste vigilante. En amour, ça devrait être plus doux. Il faut que ça le soit. La frontière est pourtant claire.
Mais les hommes mélangent tout. Et s’inquiètent vite quand ils voient que je ne bois plus leur parole. J’aurais au moins réussi à garder le secret sur cette soif que j’ai appris récemment à juguler. Ce fut comme d’arrêter de fumer, de boire, de manger. Beaucoup de souffrances, d’efforts, de renoncement. Et un matin, le dégoût. L’étonnement. Je n’ai pas pu aimer ça ! Ce n’était pas moi...
Alors, ils s’endurcissent, peaufinent, fignolent, bricolent des machins, trucs, des bidules à immiscer dans nos vies. Le doute, le culot, mixés ensemble, après un bain-marie, on se le prend de plein fouet, n’importe quand, n’importe où. Négligemment posé, sur un coin de mon bureau.
Et ma vie, toute ma vie, tangue, prête à basculer.
Et c’est toujours in extremis, que je m’agrippe, me rattrape, par chance, à quelques rares certitudes.
Et à la colère.
Le con.
Ce coup ci, il a réussi à me faire livrer des fleurs...
Tout un bouquet.
Je le hais.