02 septembre 2017

Meta Incognita

Café littéraire



Nous sommes désormais des fugitifs. Les oreillers, le confort, les fleurs, les papamamans, c'est fini. Les bisous, les bonnes journée ma chérie, finalement, tant que les copines regardaient pas, c'était chouette ; mais ça aussi, c'est fini. Ma robe foutue, y'a moyen que je la garde encore longtemps sur les fesses. Fait chier, Zara, va falloir oublier.
Et, bien sûr, j'ai rien vu venir. Bon, avant, je dis pas que c'était le paradis, on avait toutes et tous nos soucis. Surtout quand… Ils... Enfin, je...
Non, je regarde les ruines autour de moi et, vraiment, les tracas de mon ancienne vie, si ce qui nous est tombé dessus, on peut appeler ça une nouvelle vie, mais quand même, et désolée si ça fait vieille conne, mais avant, c'était pas loin d'être parfait.
Je repense à Théo, à nos bézouilles tranquillottes, les après-midi de libre, quand il faisait tellement beau que tout le monde sur ruait dans les parcs. Je m'en foutais, moi, de prendre le soleil, un seul de ses rayons voyeurs, tout doux et tout chaud, qui passait entre les volets mal tirés, ça me suffisait, surtout que j'avais autre chose à prendre.
C'était peut-être tout simplement le moment. On s'était bien régalés, on avait bien fait n'importe quoi, on avait frôlé tellement de drames, que celui-là, fallait pas croire qu'on allait y passer à travers, l'air de rien. Un café, l'addition, c'est pour moi. Même si j'ai rien pour payer. La gueule de la banquière, quand je défonçais mon découvert. Et là, toutes les banques coulées, alors, quelle gueule elle peut bien avoir, maintenant, la banquière ? J'aime bien, ce don que j'ai, les deux pieds dans la merde, de toujours trouver quelqu'un de plus en vrac que moi, pour pouvoir lui en mettre plein la tronche.
Yep, mon côté bitchy continue de me sauver la mise. On a beau rien y voir la nuit, centrales en fumée, attentats bien pourris, je me réveille toujours dans un appartement inconnu, jamais dans la rue. Combien j'en ai vue, des princesses déchirées, finir à moitié à poil, coincées entre deux poubelles ? Alors, quand l'ombre des tours s'allonge, moi, je me bouge le cul pour trouver un nouvel endroit, que personne n'ait encore visité. Les mecs sont des porcs, dès qu'ils squattent quelque part, ils contaminent tout ce qu'ils touchent, objets, vivants ou pas, tout fini bon à jeter. D'un simple regard gluant, ils ont beau tout dégueulasser, je prends quand même bien soin d'en avoir toujours un sous la main, ça peut servir. Faut juste savoir partir à temps, quand ils ronflent encore, en rêvant d'un dernier arbre à scier, un ruisseau dans lequel pisser, je sais pas, je suis pas dans leur tête ?
À quoi ça peut rêver, un mec ? Un empire à bâtir ? Ben, là, ils sont servis, y'a du boulot… Faut voir le chantier qu'ils ont laissés… J'ai jamais voté mais j'avais bien ma petite idée, pour rétablir la paix. C'était pas des bombes, qu'il fallait envoyer, c'était des bombasses. Et fini les attentats suicides, on leur aurait fait des attentats sucides. Mais non, c'était toujours qui aurait la plus grosse. Et maintenant, avec le reste de l'humanité, savamment stérilisée, on est bien content de simplement être capable de voir un nouveau jour se lever. Rien n'a changé, on en profite, encore et toujours, même sachant que le nombre d'appartement à découvrir, un de ces jours, ça sera zéro.
Moi, pour cette nuit, je suis au chaud.

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...on en cause ?