16 avril 2018

Mon âme zone

Invivant, je préfère flotter, tout laisser filer
Et qu'ainsi à jamais, mon âme zone
Pour au pire l'amuser l'amazone
Au sourire sous l'humus enseveli

Elle et mon âme osent en fausses noces
Mais au final, seule, elle danse
Et ses pas se passent de tout
Ses os, sa peau soumis au tambour

Je m'étonne, alors, me cache,  affolé et aphone
De terres saintes en sales repères déserts
Saoul d'une Foi dont elle se fout
Je prends l'air d'une fille perdue en hiver

Lumineux, parfois, quand ses flammes dans la nuit
M'agrippent par quelques souvenirs
Lèchent ma folie au sein de ses cendres
Défoncent enfin ma soif de suif

Reste une neige sombre avalée des vallées
Que le jour cherche à oublier
Mon corps de cire sans une mèche
Mâche le silence et le reste

Mon âme zone entre deux eaux
Entre deux airs préfère se taire
Soustraite à son épaule habile
Mon âme zone pour une amazone

Rappelle tes flèches savantes, retourne le sablier
Vide ma gorge du quartz, du grès
Je me suis pris pour le fils aîné
Emporté par le mascaret

05 avril 2018

Mille et un jours et autant de cris

Je le croyais mort et n'y pensais plus trop
Rangé qu'il était entre des pages oubliées
Fils des années passées, opaque métal brossé
Souvenir de livres fermés, sur lui, ses frères, ses armées

Et voilà qu'il m'appelle comme nul cadavre ne l'a jamais fait
Sa main levée me salue de loin
Et je m'étonne que les brumes où il erre
Remuent autant mes entrailles
Resserrent si fort mes artères

Qu'il l'ait souhaité ou non
Ce maudit petit merdeu
A ce jours encore m'étouffe
Et son sourire n'est que souffre et plaie

Je n'ai trouvé que la sécheresse
Pour transformer sillons en falaises
Pour m'isoler en ces terres
Cimetière pour lui et ses frères

C'est que, tous ceux que, jours après jours, je fus
Les enterrés vivant, noyés dans mon sang
Mes boules de nerfs, roulées dans mes chairs
Hurlent en choeur vers cette âme
Faible bâtisse faite de fins pilotis
Vie qui vacille à en vomir

Alors, vous tairez vous enfin, bandes d'inutiles
Enfants perdus aux champs stériles
Que je brûle et bétonne pour la gloire
De cette vitesse qui seule m'apaise

Mais comment pourriez-vous décemment me quitter ?
Couches strates cendres fossiles de moi
J'ai hurlé pour ne plus en parler
J'apprends maintenant à doucement vous chanter